Gestion de l’entreprise

Contrôle Urssaf : Les nouveautés concernant les majorations de retard

Contrôle Urssaf : Les nouveautés concernant les majorations de retard
26/09/2023
 
Depuis le 1er mai, un changement significatif a eu lieu dans le calcul des majorations de retard complémentaires en cas d'envoi tardif de la mise en demeure de l'Urssaf. Cette modification est régie par le décret n°2023-262 du 12 avril, qui a introduit des ajustements importants dans la procédure Urssaf concernant ces majorations de retard. Désormais, le décompte de ces majorations s'interrompt en cas d'envoi tardif de la mise en demeure, marquant ainsi un tournant dans la manière dont ces sanctions sont appliquées. Cet article explorera en profondeur ces changements, leurs motivations, et leurs implications pour les chefs d'entreprise.
 

 

1. La réforme des majorations de retard

Jusqu'au 1er mai, les majorations de retard complémentaires de l'Urssaf étaient calculées en suivant une formule bien définie : 5 % du montant des cotisations non versées, auxquels s'ajoutaient des majorations complémentaires de 0,20 % par mois. Cependant, ces majorations étaient imposées de manière uniforme, quel que soit le temps écoulé entre la fin du contrôle de l'Urssaf et l'envoi de la mise en demeure.

La réforme introduite par le décret du 1er mai 2023 vise à remédier à cette lacune en instaurant une période limitée pendant laquelle les majorations de retard complémentaires ne sont pas applicables. Plus précisément, cette période s'étend entre la fin de la période contradictoire et l'envoi de la mise en demeure, à condition que cet envoi soit effectué plus de 2 mois après la fin de la période contradictoire.

 

2. Motivations derrière la réforme

Les raisons qui ont conduit à cette réforme sont multiples. Avant tout, il est essentiel de souligner que le système antérieur, en l'absence de limitation temporelle, pouvait entraîner des situations injustes pour les entreprises. Certaines d'entre elles se voyaient imposer des majorations de retard importantes, même si elles avaient rapidement réglé leurs cotisations après le contrôle de l'Urssaf, mais que l'envoi de la mise en demeure avait été effectué tardivement.

Le décret a été conçu pour introduire plus d'équité dans le traitement des entreprises et pour empêcher des sanctions disproportionnées en cas de retards administratifs de l'Urssaf. Cette réforme permet donc aux entreprises de se soustraire aux majorations de retard complémentaires si elles ont respecté leurs obligations fiscales après le contrôle, et que l'envoi de la mise en demeure a été retardé de plus de 2 mois.

 

3. Les exceptions à la règle

Il est toutefois important de noter que la réforme comporte des exceptions. L'arrêt des majorations complémentaires ne sera pas accordé si la personne contrôlée fait l'objet d'une pénalité ou d'une majoration prévue dans certaines situations spécifiques. Les exceptions comprennent :

  • Absence de mise en conformité (CSS art L 243-7-6) : Si l'entreprise contrôlée ne se conforme pas aux exigences légales après le contrôle de l'Urssaf, elle ne bénéficiera pas de l'arrêt des majorations complémentaires.
  • Travail dissimulé (CSS art L 243-7-7) : Les entreprises impliquées dans des cas de travail dissimulé ne seront pas exemptées de majorations complémentaires.
  • Abus de droit (CSS art L 243-7-2) : Les entreprises qui ont abusé du droit fiscal ne seront pas exonérées des majorations de retard complémentaires.
  • Obstacle à contrôle (CSS art L 243-12-1) : Si une entreprise entrave le contrôle de l'Urssaf d'une manière ou d'une autre, elle ne pourra pas bénéficier de l'arrêt des majorations complémentaires.

 

4. Évolutions juridiques récentes

En plus de la réforme des majorations de retard complémentaires, quelques décisions récentes de jurisprudence liées aux contrôles Urssaf méritent d'être mentionnées. Ces décisions peuvent avoir des implications sur la manière dont les contrôles sont menés et sur les obligations des entreprises.

  • Durée maximale des contrôles : Aucune disposition légale ne prévoit une durée maximale pour le déroulement des opérations de contrôle, comme l'a récemment confirmé une décision de la Cour de Dijon en juin 2023 (Dijon. Chambre sociale. 8 juin 2023. RG n° 21/00243, 21/00242, 21/00241). Cette décision souligne l'importance de la flexibilité dans la conduite des contrôles Urssaf.
  • Contenue de la lettre d'observation : Une autre décision de la Cour de Dijon en juin 2023 a établi que la jurisprudence constante de la Cour de cassation n'oblige pas que la lettre d'observations fournisse des indications détaillées sur chacun des chefs de redressement ou sur leur mode de calcul (Dijon. Chambre sociale. 8 juin 2023. RG n° 21/00243, 21/00242, 21/00241). Cette décision peut simplifier la procédure de contrôle.
  • Redressement pour travail dissimulé : Dans une décision de juin 2023, la Cour de Caen a précisé que si un redressement découle du constat d'infraction de travail dissimulé par dissimulation d'emploi, il a pour objet exclusif le recouvrement des cotisations afférentes à cet emploi, sans qu'il soit nécessaire d'établir l'intention frauduleuse de l'employeur (Caen. 2° Chambre sociale. 8 juin 2023. RG n° 20/00496).

 

5. Implications pour les entreprises

La réforme des majorations de retard complémentaires de l'Urssaf depuis le 1er mai offre une protection accrue aux entreprises contre les majorations de retard injustes en cas d'envoi tardif de la mise en demeure par l'Urssaf. Les entreprises qui respectent leurs obligations fiscales après le contrôle et qui subissent un retard administratif de l'Urssaf dans l'envoi de la mise en demeure peuvent éviter ces sanctions financières supplémentaires.

Cependant, il est crucial que les entreprises demeurent vigilantes et se conforment aux règles fiscales en vigueur pour éviter les exceptions qui rendraient les majorations de retard complémentaires inévitables. Les situations d'absence de mise en conformité, de travail dissimulé, d'abus de droit, ou d'obstacle au contrôle demeurent soumises aux majorations de retard complémentaires, quel que soit le délai d'envoi de la mise en demeure.

En parallèle, les évolutions juridiques récentes dans les décisions de jurisprudence renforcent l'importance de la flexibilité dans les contrôles Urssaf et peuvent simplifier la procédure pour les entreprises. Cependant, ces évolutions doivent être suivies de près, car elles peuvent avoir des implications sur la manière dont les contrôles sont menés et sur les obligations des entreprises.

 

Conclusion

La réforme des majorations de retard complémentaires de l'Urssaf depuis le 1er mai vise à accroître l'équité dans le traitement des entreprises tout en conservant des sanctions pour les cas de non-conformité grave. Les entreprises doivent donc rester informées des règles fiscales en vigueur, se conformer à ces règles, et rester attentives aux évolutions juridiques qui peuvent avoir un impact sur les contrôles Urssaf et leurs obligations.


Auteur : ZOOMBAT